Bengay brûle-t-il la graisse du ventre

Mémoires de la Société de statistique du département des Deux-Sèvres | Gallica

Ecrire l'histoire sans prendre pour guide exclusif les témoignages contemporains, c'est risquer de s'égarer à chaque pas et de donner un roman pour un récit exact et véritable. Cette vérité vulgaire, déjà si bien comprise dans les siècles passés par les Ducange, les Duchesne, les Sainte-Marthe, les Mabillon, les Martenne et tous ces autres maîtres de la critique historique à la science desquels il faut toujours recourir, a été de nouveau mise en lumière à notre époque et encore mieux comprise, s'il est possible, par un plus grand nombre de savants.

Grâce à leurs travaux, Bengay brûle-t-il la graisse du ventre ingrats pour eux-mêmes qu'utiles au progrès des sciences historiques, un nombre incroyable de sources originales, Il. Parmi tous ces documents si intéressants à différents titres, les registres-journaux occupent une place très importante par les détails intimes qu'ils contiennent et les secrets de la vie privée qu'ils révèlent.

Il en est d'autres qui appartiennent plus particulièrement à l'histoire locale et lui fournissent ses meilleurs matériaux.

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De toutes les provinces de France, le Poitou. Un nouveau journal de la même époque et conçu dans le même genre, que nous avons eu la bonne fortune de découvrir récemment a Bengay brûle-t-il la graisse du ventre, vient augmenter tout-à-coup ces richesses et fournir des renseignements inconnus sur cette période agitée de nos annales.

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Michel-Ange Allard, ancien président du tribunal de district de Parthenay enque ce manuscrit, oublié depuis bien des années parmi les papiers de cette famine, fut exhumé, pour ainsi dire, de la poussière séculaire qui le recouvrait pour être adjugé au plus offrant et dernier enchérisseur.

Heureusement pour les curieux, le marchand de tabac qui le convoitait trouva un concurrent intelligent dans la personne de notre excellent ami, M. Paul Taudière, avocat, qui ne tarda pas à s'apercevoir de la valeur du joyau tombé par hasard entre ses mains, et s'empressa généreusement de nous l'offrir.

C'était, en effet, un document d'une haute importance pour notre histoire locale et nous regrettâmes vivement, en le parcourant, de ne l'avoir pas découvert avant la publication de notre histoire de Parthenay.

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Il nous eut fourni alors des renseignements entièrement neufs sur les événements dont la Gâtine a été le théâtre pendant les guerres de religion. Quoi qu'il en soit, publié tel qu'il est, il n'en sera pas moins consulté avec'fruit par les antiquaires et formera le complément indispensable de notre histoire de Parthenay. Malheureusement, notre registre-journal n'est pas complet.

Les seize premiers feuillets, c'est-à-dire trente-deux pages, manquent, ainsi que l'indique le numéro 17 inscrit sur le premier des feuillets subsistants. Il faut regretter cga ement la perte des feuillets 28, 29, 30 47 et 71, qui ont été tacérés par une main ignorante ou intéressée. Il est certain, d'un autre coté, que le manuscrit a dû contenir d'autres feuillets faisant suite au 73e, qui est actuellement Bengay brûle-t-il la graisse du ventre dernier.

Malgré ces lacunes. Le récit s'étend du 14 novembre au 26 décembre ' Il n'est pas possible de panama de frein amincissant l'époque à laquelle l'auteur a commencé sa narration, encore moins celle où il a clos son journal.

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Ce que l'on peut auu'mer, c'est qu'il l'a rédigé avec un soin et une exactitude scrupuleuse Jt vraiment digne d'un notaire. C'était une habitude assez commune alors de tenir un registre de tous les faits contemporains tant soit peu marquants. Il paraît même que Généroux ne fut pas le seul bourgeois de Parthenay qui ait conçu et exécuté cette idée. On comprend tout l'intérêt qu'il y aurait à comparer le témoignage de ces deux hommes, originaires du même pays et contemporains.

Quoi qu'il en soit, le journal de Généroux, tel que nous le possédons, est déjà un monument assez digne d'attention par lui-même pour qu'il ne soit pas hors de propos de formuler ici des regrets inutiles. La netteté de l'écriture d'ailleurs assez difficile à déchiffrer, la concision du style, l'absence de ratures, enfin le contenu de certains passages, prouvent clairement qu'il a été rédigé, puis transcrit après coup, d'après des notes prises d'avance au fur et'à mesure des événements, et aussi, d'après des renseignements fournis par des ouvrages contemporains.

Quant à la personnalité de l'auteur, à sa biographie, à ses opinions, nous n'en dirons que ce qui résulte de ses propres paroles. Généroux, qui n'a pas pris la peine de nous faire connaître son prénom, appartenait à, une honorable et nombreuse famille de marchands du faubourg Marchioux, de Parthenay. Sa mère mourut le 7 octobreà l'âge de 48 ans. En supposant qu'elle se fut mariée à vingt ans environ, ce qui paraît vraisemblable, on peut faire remonter la naissance de notre chroniqueur vers l'année Dans sa jeunesse, Généroux travailla en qualité de simple commis ou facteur chez un riche marchand de Parthenay, nommé Laurent Bouhereau, sr de Puy-Robin.

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Il avait reçu une certaine instruction qu'il négligea et oublia tout naturellement pendant les six ou sept années qu'il consacra au commerce. Aussi lui témoigna-t-il toujours la plus vive reconnaissance, et sa douleur fut grande et vraie quand il apprit sa mort prématurée, arrivée n. Lorsque ses études l'eurent rendu apte a occuper des fonctions publiques, il alla à Paris, solliciter de Léonor d'Orléans, comte de Dunois, seigneur de Parthenay, un office de notaire dans cette ville, qui lui fut octroyé gratuitement par ce généreux prince, le 24 mars Les guerres de religion, qui venaient d'éclater depuis quatre ans, allaient bientôt recommencer avec une nouvelle intensité et couvrir de ruines la France entière.

Quoi prendre pour perdre du poids ces tristes conjonctures, Généreux n'hésita pas un instant sur le parti qu'il avait à prendre: il demeura constamment et ënergiquément attaché à la religion catholique et au Roi.

Généroux ne se contenta pas d'affirmer ses opinions il s'arma aussi pour les défendre et fut même blessé d'un coup de pistolet en combattant. Au mois de janviermalgré les exigences de sa profession, on le trouve servant en qualité de volontaire âSaint-Maixent, dans la compagnie du capitaine Signac, tandis que son frère Nicolas était à Sainte-Gemme, dans la compagnie du capitaine Baigne.

Au mois de septembreil faisait partie de la troupe de 25 chevaux que Pierre du Teil, sieur du Fresne de Gourgé, son protecteur et ami, conduisit a Poitiers au comte du Lude et au maréchal de Vieilleville. Après avoir quitté. Poitiers il vint au Fouilloux, où il passa tout le mois de novembre; et bien lui en prit, car une bande de Huguenots, qui voulaient!

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Au mois de mars 4nous le retrouvons avec le capitaine Signac en garnison àMontreuil-Bonnin. Le 37 mars, il assista, dans la même compagnie, à la prise de Saint-Maixent sur les Protestants.

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Au mois de juillet, les Protestants ayant obtenu des succès et étant. Après avoir été dirigé, sous la conduite de Puygaillard, sur les Ponts de Cé, qu'on croyait assiégés par les Protestants, il revint à Thouars ]e 3 octobre, et le lendemain sa compagnie fit une reconnaissance du côté de Moncontour, sans soupçonner qu'on s'y battait avec fureur ce jour-là même.

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Ayant eu ce même jour une altercation avec le capitaine Breuil, il partit pour Chinon, d'où il revint bientôt à Parthenay par le champ de bataille de Moncontour, qu'il trouva encore jonché de morts. A peine était-il arrivé, qu'il eut la douleur de perdre sa mère d'une manière bien déplorable, puisqu'elle succomba aux suites d'une maladie occasionnée par les mauvais traitements dont l'avait accablée naguère une bande de huguenots.

A partir de ce moment, Généroux renonça aux armes et demeura le plus ordinairement à Parthenay, s'adonnant aux devoirs de sa profession de notaire. Enil fut délégué par les officiers et habitants de Parthenay au camp de la Rochelle, avec la mission de supplier le duc d'Anjou et le duc de Longueville de les exempter de garnison et des passages continuels de troupes, charges qui étaient alors un véritable ftéau.

Malgré ses nombreuses démarches, il ne put réussir. Député de nouveau dans le même but à Chinon, au mois de juillet 4et au camp de Fontenay, au mois de septembre, auprès du duc de Montpensier, il ne fut pas plus heureux. Tout ce qu'il put obtenir d'un certain capitaine Richelieu,-moyennant une somme de deux cents écus, argumentpresque toujours irrésistible, c'est qu'on retirât de Parthenay une des deux compagnies qui y tenaient garnison.

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Enfin les habitants, voulant tenter une dernière démarche, se décidèrent à envoyer directement Gèneroux auprès du roi Henri m, qui était alors à Lyon, après l'avoir fait passer préalablement à Paris pour invoquer l'appui de la duchesse de'Longueville. Généreux s'acquitta de sa mission avec autant de rapidité que de succès.

Parti de Parthenay le 29 septembreil arrivait à Paris le 6 octobre et se remettait en route le 11 par la Champagne et la Bourgogne, pour Lyon, où il arrivait le Là, ayant obtenu du Roi, pour la ville de Parthenay, une sauvegarde et exemption formelle de garnison, il s'empressa de regagner son pays par la route du Bourbonnais et du Berry. Le 4 novembre il rentrait dans sa ville natale, au grand contentement de ses concitoyens.

Ces diverses missions dont il fut chargé prouvent que Généroux jouissait dans son pays d'une grande considération et d'un grand crédit.

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Il jouissait également d'une certaine fortune, car il nous apprend lui-même qu'en et 'le Bengay brûle-t-il la graisse du ventre de la Trinité, il fit représenter à ses frais, au carrefour de la croix du Marchioux, les tragédies de Médéc et d'Abel tué par Gain. On sait que les populations étaient-alors très avides de ces sortes de spectacles.

EnGénéroux devint greffier du bailliage de Gâtine, office qui, à cette époque, n'était pas incompatible avec celui de notaire. Ici s'arrête son journal et par conséquent sa biographie. Nous ne possédons aucun autre renseignement sur sa personne et nous ignorons notamment s'il contracta mariage et s'il laissa des descendants.

Quoi qu'il en soit, grâce à ses vingt frères et sceurs, la lignée des Généreux fut nombreuse et s'allia à beaucoup de familles notables de Gâtine. Ainsi une Francoise Généroux qui doit être nécessairement la Bengay brûle-t-il la graisse du ventre de l'auteur de notre journal, si elle n'est pas sa fille, et qui avait elle-même deux frères, Jacques et Olivier, épousa au commencement du xvn"'siècle, Pierre Chaboceau, avocat à Parthenay.

Un de leurs enfants, FrançoisJacques Chaboceau, avocat ducal de Parthenay de à 17'! Or, mademoiselle Ghantal Allard devint plus tard héritière de mademoiselle Olivier de la.

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Barrière, dernière descendante de cette famille ainsi s'expliquerait peut-être la présence du manuscrit entre les mains de la famille AIlard. On se tromperait assurément si l'on ne croyait trouver que des révélations dans le journal de Généroux. Une bonne partie des événements qu'il nous raconte était déjà connue, soit par les autres chroniques poitevines, soit même par l'histoire générale.

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Cependant, en comparant entre eux ces divers témoins du même âge, ce n'est pas sans plaisir ni sans profit qu'on rencontre sous la plume de notre bourgeois de Parthenay, même lorsqu'il s'agit de faits déjà connus, des particularités et des détails qui viennent confirmer, compléter ou modifier les récits des autres annalistes. Qu'on lise notamment les paragraphes de son journal relatifs à la révojte de la Rochelle, en janvier 4 au passage de la Loire par Dandellot aux levées des protestants dans le Midi; aux batailles de Jarnac et de Moncontour; aux siéges de Niort et de Poitiers en '; à celui de la Rochelle en ' ; à la saint Barthélemy; à la conspiration de la Haye, etc.

Quand bien même l'oeuvre de Généreux n'aurait pas d'autre utilité, ce serait commettre une faute que de négliger son témoignage. Mais il ne se borne pas, qu'on le remarque bien, à répéter ce que d'autres avaient écrit; il a aussi pris soin de consigner une foule de faits qui, malgré leur peu d'importance relative n'en sont pas moins très intéressants pour l'histoire du Poitou.

Ainsi, c'est de sa bouche qu'on apprend pour la première fois l'époque précise et les détails des mutilations accomplies par les Protestants sur les magnifiques tombeaux d'Oiron en L'incendie de Bengay brûle-t-il la graisse du ventre de Chatelliers par les Protestants le 7 novembre la prise de Saint-Maixent par les Catholiques le 27 mars les exécutions qui eurent lieu à Poitiers au mois d'octobre par contre-coup de la saint Barthélémy, etc.

Qu'on ajoute à cela ces mille petits renseignements toujours si curieux sur les moeurs et habitudes de la vie publique et privée qu'un contemporain ne manque jamais de rapporter en les accompagnant de réilexions, et on pourra apprécier le degré d'intérêt que peut offrir la lecture du journal de notre notaire.

Mais la partie la plus neuve de l'ouvrage est, sans contredit, celle qui concerne la ville de Parthenay et le pays de Gâtine. Ici, toute la narration de Généroux est une véritable révélation, car nul autre que lui n'avait songé à transmettre à la postérité les événements qui s'accomplirent dans son pays natal à l'époque des guerres religieuses.

Son journal est d'autant plus précieux pour Parthenay et la Gâtine qu'il enregistre scrupuleusement les naissances, mariages et décès sans exception.

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C'est un registre d'état civil qui fournit des éléments authentiques très utiles pour dresser les généalogies de toutes les anciennes familles notables du pays. Nous avons essayé d'y ajouter quelques autres renseignements destinés à éclairer l'origine et la filiation de plusieurs de ces familles.

Nous nous sommes livré en outre à un travail de comparaison entre le journal de Généroux et d'autres sources historiques, travail dont corps nettoie la perte de graisse avons consigné les résultats dans des notes qu'on ne trouvera peut-être pas inutiles.

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Enfin nous avons cru devoir grossir ce texte inédit d'une foule d'autres notes', qui, sans apprendre rien de bien nouveau, en faciliteront singulièrement l'intelligence. C'est dans cet état que nous le livrons aux amateurs et aux curieux, espérant qu'il pourra leur procurer quelque satisfaction et quelque profit.

Le dimanche XVI du dit mois on porta à Partenay en procession générale la sainte eucharistie remerciant Dieu de la victoire de la susdite bataille 1. Le jeudy matin XXVII du dit mois le capitaine Signac capitaine de cent harquebusiers à cheval sous Monseigneur le comte du Lude surprit le chasteau du Teil 3 où partie des habitants de Partenay furent en armes au secours dudit Signac, mais avant qu'ils fussent arrivés, il était dedans, par quoy ils n'y entrèrent; le frère aîné du dit.

Ceux-ci étaient commandés par le prince de Condé et Coligny. On sait que le vieux connétable y perdit la vie en combattant suivant sa noble habitude, avec la plus grande intrépidité.

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C'était jadis un fief relevant de la baronnie de Parthenay. Nous ne savons s'il vivait encore lors de l'événement dont son château 'fut le théâtre en i56'7, le 27 nov. Le mardy IX décembre, mon frère et ses compagnons s'en retournèrent du susdit voyage.

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